MM. Coucharin et Raffepin

Pourquoi s’étonner de la dernière page publicitaire de l’UDC ? Certes, ses prémisses sont fausses et ses allégations révoltantes. Mais n’est-elle pas conforme à ce que nous savons de ce parti ? N’apporte-t-elle pas la preuve formelle de son identité ? Ne dit-elle pas combien l’outrance du propos cache l’inexistence des propositions ? Combien les cris masquent le vide?

En communication politique, lorsque le ton tient lieu de fond, il convient de se demander si le message ne révèle pas le contraire de ce qu’il voudrait montrer.

Deux exemples : MM. Couchepin et Raffarin. Le premier joue les durs. Dans un langage rustique, il multiplie les mises en garde et les remontrances. Cultivant l’image du chef solitaire, il campe celui qui ose dire ce que les autres dissimulent. Pénétré de sa mission, il se veut capitaine sur le pont, bravant la tempête, impopulaire mais courageux. Pour l’instant, le jeu fait merveille. On entend souvent: « C’est un brutal, mais lui au moins, il fait de la politique ». Vraiment? Si l’on oublie les coups de gueule et la syntaxe rocailleuse, que reste-t-il? Dans quel domaine de l’Etat, Pascal Couchepin trouve-t-il sa dimension politique par une vision globale? La position de la Suisse en Europe et dans le monde? La rénovation du contrat social? La gestion de la santé? La relance de la croissance? La réforme du fédéralisme et des institutions? Et si la force du verbe montagnard ne disait que la faiblesse générale de l’action?

A l’inverse, le Premier ministre français joue les doux. Où le Conseiller fédéral se pose en père de la nation qui tance et qui assume, il se veut fils du peuple soucieux de la France d’en bas. Dans un style mi-patelin mi-volontariste, il aimerait faire croire, lui, qu’il ne fait pas de politique. Affronter les vrais problèmes en impliquant la vraie France, tel est le message. Pourtant, sous les « raffarinades » apparaît un dirigeant de la droite classique aux fonctionnements traditionnels. Et si la bonhomie du discours déguisait la pensée politicienne la plus accablante?
MM. Raffarin et Couchepin sont amis. Il se sont découverts des complicités. On n’en doute pas. Peut-être ont-ils échangé leurs recettes d’expressions originales? Il aurait mieux valu qu’ils partagent leurs expériences en matière de blocages politiques. Comment opérer une perfusion de rigueur républicaine dans une Suisse en miettes? Comment greffer des éléments participatifs dans une France jacobine? Sur l’axe de la participation démocratique, comment déplacer le curseur du côté de la cohérence pour la Confédération et du côté de la concertation pour nos voisins?

La forme dénonce le fond. Ou son absence. Les manières de MM. Couchepin et Raffarin finiront par établir leurs limites. Quant à l’UDC, sa posture trahit ses impostures. Ses imprécations disent son incapacité au moindre respect des faits et des hommes. En clair, elle n’a pas changé. Elle a toujours le même visage. Ce sont ses adversaires qui s’accommodent de sa laideur.