Sept raisons de dire oui à Vaud-Genève pour marcher vers la Suisse des régions

Le 2 juin, nous voterons sur l’union des cantons de Vaud et de Genève. Certes, ce scrutin a une portée symbolique importante. Mais faut-il pour autant l’aborder de manière émotionnelle ? Face aux limites du fédéralisme actuel, n’est-il pas temps de passer aux analyses rationnelles ? Sur les diagnostics au moins tout le monde semble d’accord : Seuls, les cantons ne peuvent plus faire face à leurs tâches. Dans des domaines clés tels que formation, santé, sécurité, ils doivent se grouper pour répondre aux défis à venir. Dès lors, l’alternative est claire : Soit on maintient le statu quo avec le risque de voir les vingt-six cantons devenir de simples zones administratives coiffées par une multitude de concordats et de lois cadre fédérales. Soit on permet au fédéralisme de rester crédible et vivant, en créant quelques grandes régions par l’union progressive des cantons. L’union de Vaud et de Genève, c’est le premier pas vers un fédéralisme, un premier pas pour lequel il existe au moins sept bonnes raisons de dire oui.

En premier lieu, dire oui c’est montrer que les structures helvétiques sont capables d’évoluer. Les frontières intérieures de la Suisse ne sont pas d’essence divine, mais susceptibles de s’adapter aux réalités. Or, la réalité montre que les régions existent : elles sont vécues au quotidien par la population. Pour les membres d’une même famille, habiter dans un canton, résider dans un autre, étudier dans un troisième est devenu banal. L’espace de vie de la population suisse n’est plus le canton, mais une région plus vaste, plus cohérente, qui doit trouver sa reconnaissance politique et institutionnelle. Dire oui, c’est assurer le primat de la vie sur la structure. D’autre part, les références identitaires sont de moins en moins cantonales. Les racines sont la ville ou la commune, tandis que l’horizon culturel s’élargit. Dire oui, c’est donc balayer les clichés ringards faisant des vaudois un peuple de balourds et des Genevois une tribu de bavards. C’est favoriser la naissance d’une conscience régionale dans sa plus belle exigence, celle de l’union pour servir des aspirations partagées et des intérêts communs.

L’union de cantons, c’est aussi ce fameux  » retour du politique  » que tout le monde réclame. Des cantons moins nombreux, mais plus forts et plus crédibles au plan institutionnel et citoyen, voilà une troisième raison de voter oui. Dans le même esprit, notre région a une vision latine de l’Etat postulant des services publics de qualité. Dire oui, c’est aussi créer un contre-poids aux options zurichoises de la Suisse et donner un signal fort à nos compatriotes. Mais davantage encore, le oui donne de formidables chances à la région Vaud-Genève. Les expériences et les ressources des deux cantons sont parfaitement complémentaires. En matière de formation, de santé, de sécurité, de prestations sociales, d’aménagement du territoire, de transports, de gestion des infrastructures, de culture ou de sport, de grands projets sont possibles, pour autant qu’ils soient portés par l’échelon régional. Dire oui, c’est cesser de manquer seuls ce que nous pourrions réussir ensemble.

Sixièmement, le oui permet l’élaboration à terme d’une Suisse des régions. En effet, l’article 9 des initiatives soumises au vote permet à tout canton tiers limitrophe qui le souhaite de rejoindre le processus de régionalisation. Nul doute que Vaud et Genève ne constitueront que le premier socle d’une région plus vaste. Nul doute qu’une première région à l’ouest de la Suisse donnera une impulsion décisive à la création d’autres régions. Enfin et surtout, que sert le statu quo, si ce n’est une centralisation rampante de la Suisse ? Quel autre projet propose aujourd’hui des solutions concrètes pour rénover un fédéralisme totalement bloqué ? Dire oui le 2 juin, c’est entrer enfin dans une dynamique de réformes. C’est dire que la Suisse existe tant qu’elle ose rester en mouvement.