Éloge funèbre de Guillaume Tell
Editions de l’Aire 2022
Mon cher Guillaume Tell,
Devant ta tombe ouverte, laisse-moi te parler en ami. Le temps n’est plus aux vains discours, mais à la sincérité. La Suisse t’a exécuté le 26 mai 2021. Nos autorités ont décidé de t’enterrer en toute discrétion aujourd’hui. J’ai obtenu la permission de m’adresser à toi sans que nous soyons dérangés, et me voilà dans ce carré d’herbe qui a été choisi pour te donner une sépulture. Seul devant ton cercueil, je souhaite clore les différends que nous avions cru avoir et qui en réalité n’existaient pas. Moi, le Romand, l’Européen, autrement dit le mauvais Suisse, je tiens à te rendre hommage.
Qui a tué Guillaume Tell ? Une légende peut-elle mourir ? Comment pourrait renaître la liberté incarnée par le célèbre arbalétrier ? Quelle promesse se noue au bord de sa tombe ?
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Etrange démocratie. Une Conseillère fédérale s’en va. Aussitôt les calculs tacticiens se multiplient, tandis que les portraits des successeurs potentiels se succèdent. L’arithmétique fédérale et la psychologie des papables occupent le devant de la scène, alors que la question des choix politiques du gouvernement n’est pas posée.
De même, la campagne électorale pour le renouvellement des Chambres bat son plein, sans que l’avenir de la Suisse soit interrogé. Les candidats sont-ils sur facebook, la communication des partis est-elle plaisante, voilà les considérations qui agitent les esprits. Le style du décor passionne, alors que le destin du pays est laissé aux bons soins des circonstances.
Or la Confédération traverse une crise morale et structurelle. D’un côté, angoissée par les changements qui l’entourent, elle produit une monoculture nationaliste qui rejette les apports extérieurs et nie sa propre diversité. De l’autre, handicapée par des institutions conçues pour le 19ème siècle, elle ne parvient plus à donner une direction ni un sens à sa vie politique. J’en suis convaincu, elle ne sortira pas de cette impasse sans de profondes réformes.
Dans ce but, il est temps d’élire une Assemblée constituante fédérale. C’est la proposition que Roger Nordmann et moi développons dans ce livre qui vient de sortir. Refusant de voir le populisme figer la société suisse, persuadés que la Confédération est perfectible, nous estimons qu’il faut offrir aux citoyens un grand débat sur le contrat qui les unit. Prolongeant notre appel, une contribution de l’historien Sergio Romano porte sur le destin de la Suisse un regard particulièrement pénétrant.

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A vous lecteur d’entrer dans le débat ! Faut-il rejouer Morgarten ou élaborer une pensée et des outils pour demain ? Quelle que soit votre position, elle influencera une société bloquée au carrefour entre l’exploitation de la peur et la rénovation de la Suisse.
François Cherix
VOTEZ LA LISTE DU PARTI SOCIALISTE AU CONSEIL NATIONAL, AINSI QUE GERALDINE SAVARY ET LUC RECORDON AU CONSEIL DES ETATS !
Gorgias, sophiste du 4ème siècle avant J-C, ne s’embarrassait pas de nuances ; pour ce père du nihilisme philosophique, rien n’existe ; et si par hasard quelque chose devait exister, il serait impossible de le saisir et davantage encore de le communiquer. Diverses variations s’inscriront dans ce sillage, notamment une composante morale qui niera l’existence de valeurs et de hiérarchies entre elles. Au plan politique, les nihilistes russes du 19ème siècle n’admettront aucune contrainte de la société sur les individus et pratiqueront le terrorisme pour supprimer plus rapidement les structures existantes. Sans concession, ces apologies du rien ont en commun une critique des systèmes qui vise leur destruction.
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Dans son éditorial du 8 avril, Mme Judith Mayencourt semble fascinée par Christoph Blocher. Elle voit dans sa candidature au Conseil des Etats un « retour en pleine lumière ». Ironie ou enthousiasme ? Peu importe, nul ne songe à dicter à la presse ses goûts et ses couleurs. Par contre, son propos inquiète quand il peint un leader de l’UDC « transparent et démocratique » qui donnerait « une belle leçon » aux « comploteurs de 2007 ». Même involontaire, cette stigmatisation des parlementaires exige un rappel des faits.
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Surprise, au lendemain de la votation instaurant l’expulsion automatique des criminels étrangers, les compliments admiratifs et répétés de Marine le Pen n’ont nullement dérangé l’UDC. Au contraire, badinant sur les ondes de la Radio Suisse Romande avec la représentante du Front national, Oscar Freysinger a souligné les liens fraternels unissant « les partis identitaires » européens. Mieux, n’hésitant pas à prêcher hors de son fief, le Conseiller national s’est fait ovationner à Paris, en fustigeant « la religion du multiculturalisme » lors d’un meeting anti-islam. Manifestant un prosélytisme similaire et pour le moins désinhibé, une motion signée par vingt-huit membres de l’UDC, dont le président du parti, veut permettre aux régions limitrophes d’entrer dans la Confédération. Dans un même élan, les nationalistes suisses s’expriment hors de leur patrie, qu’ils rêvent au passage d’agrandir, et revendiquent désormais leur parenté avec les « blocs identitaires » étrangers. Changement de paradigme, ce dépassement du cadre helvétique mérite d’être interrogé.
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La Constitution européenne, qui est signée aujourd’hui à Rome, est-elle néolibérale, comme l’en accuse la gauche en France et en Suisse ? François Cherix, vice-président du Nouveau Mouvement Européen Suisse (NOMES) et membre du Parti socialiste vaudois, s’insurge contre cette vision réductrice.
(Propos recueillis par François Modoux)
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